Enfant, j’avais accroché sur l’un de mes murs un poster format cinéma, celui du film Wild Wild West, avec Will Smith et Salma Hayek. Je n’ai absolument aucune idée du pourquoi j’avais récupéré cette affiche auprès de mon frère et quelles raisons m’avaient poussée à l’afficher juste au dessus de ma tête de lit, comme si j’avais choisi de me définir exclusivement par cette oeuvre mal notée sur IMDB. Enfin, c’était soit ça, soit La Plage, et je n’étais pas team DiCaprio lorsque j’étais enfant, je ne voulais pas voir son gros visage poupon me dévisager toute la nuit. Je préférais apparemment l’esthétique pseudo western, deux types sur fond orangé ambiance crepusculaire, ainsi qu’une structure métallique en forme de tarentule géante qui crache du feu. En forme de tarentule. De tarentule. Alors que depuis toute petite je suis arachnophobe. Quelle sorte de jeu masochiste mon moi enfant jouait donc avec lui-même. Pourtant je me souviens que lorsque j’avais peur la nuit, j’invoquais Will Smith comme un garde du sommeil. Ça ne fonctionnait pas vraiment, mes cauchemars étaient peuplés d’araignées et quand je me réveillais, tôt le matin, et qu’il faisait encore sombre dans ma chambre dont les volets étaient fermés, je les voyais grouiller sur le sol, leur corps noir, poilu, enflé, pressé, dégueulasse. Et j’attendais dans le noir qu’elles regagnent mes songes et quittent ma chambre jusqu’à la nuit suivante. La lumière du soleil finissait par pénétrer la pièce et les silhouettes sur ma moquette beige disparaissaient. Je pouvais crier maman pour lui signifier que j’étais bien réveillée sans qu’elle ne marche sur les araignées de mes nuits.