C’est insupportable cette attente. C’est encore plus insupportable de prétendre attendre quelque chose, car ce n’est pas vrai, on attend rien du tout, il n’y a rien au bout de cette attente, pas plus qu’un chaudron d’or au pied de l’arc-en-ciel, c’est des mensonges. Alors à quoi bon attendre jusqu’à se transformer en l’attente elle-même si on a rien a en tirer. Il paraît que ça s’appelle l’espoir, ou la foi. Ou encore c’est la faute de Pascal et de son pari. On a tout intérêt à croire qu’il existe un chaudron quelque part, et une récompense à notre attente, que ce soit l’immortalité ou une pochette-surprise en forme de cône en papier roulé. Et quand on s’emmerde d’attendre, d’être statique, de piétiner sur place, on peut toujours prendre nos jambes à notre cou, et bien que l’on soit aveuglés par un soleil agressif, que l’on soit gênés par l’humanité grouillante, qu’il n’y ait que les fuyards qui fuient, malgré tout on court, on court encore et encore au travers des herbes trop hautes qui piquent les mollets. Le genou gauche brûle mais peut-être que si l’on court plus vite que la douleur on va la dépasser, puis en fait non, on a mal c’est tout. Fatigués de tenter de s’échapper, on s’assoit de nouveau, à guetter les arcs colorés dans le ciel. C’est insupportable cette attente.