Elles sont usées jusqu’à la moelle
les jeunes filles passionnées
À leur faire croire
qu’elles sont irremplaçables
Cinquante cinq heures par semaine
sans compter le temps abstrait
le temps qu’on ne voit pas
qui est dans la tête
On l’appelle la charge mentale
Celle qui nous empêche de dormir la nuit
Celle qui nous fait pleurer le matin
Celle qui nous fait boire le soir
après une journée à problèmes
puis après une journée tout court
Mets les bouchées doubles
Paresseux va!
Une angine?
Ah ça, ça ne nous arrange pas
tu sais on a besoin de toi
Arrête toi
au milieu du parc,
de la galerie,
du concert,
de ta pinte,
de ton déjeuner de Noël
tu as reçu un message
Ne l’ignore pas
ce doit être important
c’est peut-être important
c’est toujours important
En réalité
ça ne l’est jamais
Mais pourquoi tu pleures?
Pourquoi tu ne dors pas?
Pourquoi tes yeux sont gonflés
comme ça
Pourquoi tu sens le vin blanc?
Pourquoi tu continues?
À marcher quarante cinq minutes le matin
Marcher quarante cinq minutes l’après-midi
pour aller dans le quartier latin
Un masque cousu par sa mère
lui couvre la bouche,
bleu comme la couleur de ses yeux
À travailler dans la même pièce
que sa femme et son bébé
Être baigné dedans
sans début ni fin
Sans balcon
Sans jardin
Sans soleil
Sans conditions
À contrôler des gens
jour et nuit
sans porter de masques
pour ne pas les effrayer
À sauver une femme
d’un docteur devenu fou
d’alcool
Sans gants
car on a pas le temps
Mais tu sais
On compte sur toi