La nuit elle rêve qu’il offre des glaces aux sans-abris, pour le petit-déjeuner. La nuit elle rêve qu’il lance des éclairs qui se transforment en feu d’artifice, dont les étincelles ricochent et lui brûlent les genoux. La nuit elle rêve qu’ils entrelacent leurs vingt doigts. La nuit elle rêve qu’elle retire le beurre du frigo. La nuit elle a le vertige. Le vertige ce n’est pas la peur du vide, c’est la peur de son propre désir de tomber, c’est la peur de sa propre faiblesse. La nuit elle a peur de sa propre faiblesse. La nuit elle rêve de petits bérets de marins, et de plats beaucoup trop salés. La nuit elle rêve qu’elle se bat au couteau, au pistolet, à l’arc. La nuit elle rêve qu’elle coupe, qu’elle tire, qu’elle tue. La nuit elle rêve qu’elle danse avec l’ennemi. La nuit ils sont bien trop nombreux, ils l’engloutissent. La nuit elle rêve qu’elle dort sur le béton des trottoirs. Quand elle ne boit pas de vin elle rêve que ses boules de croquet sont noires et carrés, que les hommes communistes portent le catogan, qu’il y a accrochée derrière la porte une paire de jambes dans leur pantalon et des fantômes qui ne veulent pas prendre la poudre d’escampette par la fenêtre. La nuit elle rêve d’un renard qui court après un enfant et d’un lévrier qui court après un renard qui court après un enfant. La nuit elle rêve que les serpents verts sont des Portoloin, qu’elle enfile des bottes en verre et qu’un tas de chats à poil court nagent dans l’eau du canal. Le matin elle écrit la date et ce dont elle rêve la nuit.

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