Mon premier copain il avait un goût de poivron et il écoutait du jazz. Je n’ai jamais su apprécier le jazz depuis ce non-évènement. Il avait un canapé blanc, et j’avais une robe de la même somme de couleurs. Pour la robe je suis sûre, pour le canapé un peu moins. Il m’a quittée par texto. Je ne me souviens pas si j’ai reçu ce message sur mon Motorola fuschia ou sur mon téléphone à coque holographique. Je ne me souviens pas de l’excuse qu’il m’a donnée, ou même s’il en avait une, d’excuse. Je ne me souviens pas si j’ai eu le courage de répondre ou s’il m’avait trop humiliée pour ça. Je l’ai revu longtemps après, là où on surplombe la ville, notre chemin trésor où les fils des deux enceintes s’emmêlent, où les gobelets en plastique sur lesquels nos noms sont écrits au marqueur s’entassent. Il fallait faire pipi au bout du chemin, dans le noir. Les potes montent la garde, fille ou garçon c’était la même chose, des potes quoi. Je disais, je l’ai revu. Je ne portais plus de robe blanche depuis que j’avais enfin compris qu’elles étaient trop salissantes, après une énième soirée au Get 27, et j’avais changé de téléphone, sans nul doute un Blackberry, celui dont les touches cliquettent. Mais lui, il sentait toujours le poivron, et écoutait toujours du jazz. Il avait invraisemblablement oublié son dernier message. Moi non. Il m’a demandé mon nouveau numéro, je lui ai donné. Il m’a écrit, comme quoi cette soirée était cool, que c’était sympa de me revoir, des banalités en somme. Il m’a proposé un rendez-vous, quatre ans après le premier, celui au canapé blanc. Je n’ai jamais répondu, je n’aimais plus le poivron.

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