Cent quatre vingt quatorze

Quatre heures du matin, ouvrir les yeux, sauter dans un jean, fermer les yeux face à la lumière trop crue de la salle de bain, avancer en aveugle, ouvrir citymapper, descendre l’escalier en catastrophe, croiser un garçon dont l’ami est fucked, se dire qu’il est trop tôt pour ça, ou trop tard, je ne sais pas. Je vois déjà rouge.

En quarante six heures parisienne, j’ai compris mille choses. La première est qu’une partie de mon coeur hante encore les rues de la capitale. Des couleurs, des noms et des sons me reviennent. Ils ne m’ont pas quittée, ils font partie de ma construction.

Pourtant j’ai un oeil neuf, et malgré ça les vieux démons resurgissent et rugissent. Paris cette fille blasée qui te toise depuis son nuage de cendre. Des garçons rangés comme dans des bacs à glaçons, glacial et partial. Néanmoins on est là et on aimerait partager le nuage et se rafraîchir avec deux trois glaçons. On en est encore là, à se demander ce qui nous manque, ou ce qu’on a en trop, désespérée au point d’entreprendre un navire en papier en plein milieu d’un set classic rnb qui ne ricoche même pas dans mon corps. Ils ont mangé mon rythme. Et on fait une rencontre, pas celle escomptée, mais l’échange est sincère et vivant. Il ne s’agit pas de s’imposer mais de partager, une expérience, un point de vue, une rencontre, une vie, et dans la tête des images de saumons mangeant des sauterelles.

Et soudain on comprend que cette épreuve finale est comme un rite de passage, une initiation difficile, un voyage initiatique, un pèlerinage qui touche à sa fin.

Se suivent ainsi des retrouvailles, mes jalons bienveillants, ceux qui entiers et sincères vivent avec passion et discrétion, avec ardeur et labeur. J’ai compris que je faisais confiance à de belles personnes, de celles qui ne font aucun compromis avec leur âme. Des chouquettes au vin naturel, en passant par le mescal et la betterave. De Belleville à Temple en arpentant Stalingrad et Crimée, mon coeur s’est ouvert et je suis enfin éveillée.

Il faut cravacher, rester intègre, être punk ou être hippie, caresser cent chats, être un outsider, boire mille cafés, faire confiance à la vie et au temps, et surtout à ses amis. Et ainsi j’ai rencontré une casquette jaune, une voiture au cheddar, un accent fier de Spiltalfied, un jumeau pastoral, une chevelure théâtrale, des prénoms cheloues, des patrons de moins de soixante ans, de Célestes Marie à la Cream, et une chambre noire où il faudra développer une prochaine fois, à défaut de quitter la chambre froide.

Il y avait même un sosie de Delon dans tout ça.

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Illustration de crayoncrayon

Texte à retrouver sur Nowow, 2016

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