Deux gouttes de fleur blanche de châtaigner sous la langue, pour brûler dans les flammes du feu de camp les pensées qui entrent sans frapper. Elles s’envolent en fumée, ou en papier cendré. Je ne les retiens pas, elles ne m’appartiennent pas. Alors j’ouvre la bouche, et presse la pipette encore une fois. Deux gouttes de plus. La bouteille est réconfortante dans ma main, rondelette et froide. Le goût me fait grimacer, surtout en pleine nuit, mais le liquide corsé agit instantanément, érige autour de moi une barrière invisible qui me protège de mes pensées, et leur dit doucement, j’aimerais dormir maintenant.