J+24
J’ai parlé à Platon pendant deux heures. On est sorti de la caverne et on a discuté des hommes-boules et de l’histoire de la bête à deux dos. Il était sympa comme tout Platon, un peu foufou mais on a sympathisé, entre une chenille multicolore et un biscuit au poulet. Il a beaucoup sauté, parce que Platon on ne le sait pas mais il adore le saut à la perche, sans perche. Il n’en a pas besoin. Il peut dunker comme Michael Jordan. Ou comme Bugs Bunny dans Space Jam. On a parcouru les terres de Walthamstow, arrosé les plantes de Nouvelle-Zélande et j’ai beaucoup ri. C’est un marrant Platon, faut pas croire. Il n’utilise pas beaucoup ses mots, comme on pourrait le croire, mais il vous regarde intensément et il vous comprend, genre vraiment. Il a pas besoin de vous toucher le bras en disant “je te vois”. Il vous regarde, c’est tout. Parce que ses bras sont un peu atrophiés, et il n’a pas de pouces. Mais c’est pas grave. Je disais, je lui ai parlé pendant deux heures, j’ai mentionné mon seau de stress et cité ce qu’il y avait dedans. Il ne comprenait pas vraiment, ce n’est pas sa génération et il préfère la sophrologie, mais il a levé une oreille et je savais qu’il écoutait. Mieux qu’une thérapie CBT, car en vrai je n’avais pas besoin de m’arrêter et de répondre à la sempiternelle question “est-ce que vous avez pensé à mettre fin à vos jours?”. Et même si Enya est vraiment une chouette fille, avec une frange et un piercing au nez, je ne pense pas qu’elle soit aussi investie que Platon dans ma condition humaine.